professeur de yoga

Professeure de yoga par l'opération du Saint Esprit ?

Mon rêve : devenir prof de yoga

Me voilà dans une grande salle avec au sol un véritable parquet. Sur le côté, les murs sont percés par d'immenses baies vitrées que le soleil traverse pour nous baigner de sa pure clarté. Il y a au sol, ci et là, des coussins, l'ambiance est à la fois cosy et aérée. Une énergie de bienveillance emplit peu à peu tout l'espace. Face à moi : 6 hommes et 6 femmes, tous vêtus de tenues de sport souples et moulantes, leggings et brassières... Tous sont des yogis confirmés. Et moi, je suis professeure de yoga. Ai-je enfin réalisé mon rêve... ou bien ceci n'est qu'un rêve? C'est trop beau pour être vrai. Je me pince.  Mais bizarrement, je ne me réveille pas (comme dirait Claude François!). Est-ce un rêve dans le rêve? Pardonnez ma confusion mais suis-je en train de rêver que je rêve? Je ne vois pas d'autre solution... Mais il doit s'agir d'un rêve conscient, tout semble si réel. Aurais-je enfin trouvé ma vocation? Mon but le plus cher, ce but qui me semblait si inaccessible, ce but l'aurais-je donc enfin atteint malgré toutes ces embuches qui bloquaient mon chemin. Ah si c'est un rêve, il est bien doux et agréable. Il me faut vous le raconter. Il prouve que l'impossible est parfois  réalisable. Alors rêvez en grand, ne vous fixez aucune limite. Ne dit-on pas que celui qui pense réussir et celui qui pense échouer ont chacun raison... En tout cas, une chose est sure : je n'ai jamais baissé les bras. Pourtant combien de problèmes insolubles se sont présentés à moi! La vie n'est pas un fleuve tranquille mais elle peut quand même receler de longues plages de sérénité. A force de persévérance.

Histoires de Yoga

Rêve ou réalité, je vous raconte ce que je vois, ce que je fais, ce que je dis. Et comment mes élèves, mes stagiaires interagissent avec moi. Je prends la parole et ils m'écoutent respectueusement : " Bonjour à tous et bienvenue dans mon studio de yoga, le "Luciole", Bienvenue pour ce premier cours de notre formation pour devenir (enfin) professeur de yoga. J'espère que cette leçon et les autres qui suivront vous apporteront ce que vous en attendez. Et plus encore, j'ose l'espérer. Mais avant de passer au cours proprement dit, prenons un temps de parole, apprenons à nous connaître. Nous allons faire ensemble un voyage initiatique plein d'embuches et de péripéties. Il va falloir garder votre motivation dans les moments difficiles. Alors dites vous bien une chose, nous allons former une équipe. Nous nous soutiendrons les uns, les autres quand le moral sera bas, quand la Vie testera notre ténacité. Je vais vous proposer une chose afin de tisser des liens forts entre nous, ce qui est, vous en conviendrez, l'esprit même du yoga. Alors voila ce que je vous propose : chacun va se présenter et raconter aux autres son histoire avec le yoga, celle qu'il a vécu depuis ses débuts et jusqu'à aujourd'hui, pleine de péripéties et de rebondissements, de problèmes, de découvertes et de joie . Car tous les yogis ont une histoire avec le yoga". Personne ne bouge, tous se regardent n'osant pas se lancer.

Gaga du yoga

Alors je continue mon monologue : "Bon je ne suis pas surprise, ça se passe toujours comme ça. Personne n'ose se lancer, il va falloir se libérer de certaines chaînes, c'est aussi cela, le yoga. Voilà ce que nous allons faire, je vais vous raconter mon histoire à moi, mon histoire avec le yoga. Mais ne vous réjouissez pas, ensuite vous raconterez la votre. Et oui, il va falloir y passer" Tous rigolent, les plus coincés, ceux qui ont une peur maladive de s'exprimer en public, je les vois déjà se creuser la cervelle à la recherche d'anecdotes. Ils essaient de les agencer en un récit chargé de sens. Leurs rictus en témoignent, oulala pour eux, c'est une torture mais comme d'habitude après mon histoire ils seront un peu libérés. Comme d'habitude, comme d'habituuuudeuuu".

Ma vie avant le yoga

Je commence mon histoire : " Voilà je m'appelle Laura et je suis née en 1971 au Puy en Velay dans la Haute Loire. J'ai donc aujourd'hui 50 ans, pour être précise 50 ans et demi. Mon père était maçon et ma mère, secrétaire. Je suis fille unique. Je ne sais pas si c'est à cause de cela mais quand j'étais jeune, j'étais plutôt solitaire, je passais la plupart de mon temps à rêvasser...  Bref, je n'étais pas très active même si je rêvais de le devenir. Pour tout dire, j'étais plutôt mélancolique voire un peu dépressive. Aujourd'hui je comprends que la cause de mon mal-être était facile à identifier : il ne faut pas attendre d'avoir la motivation pour bouger, c'est le fait d'agir qui motive. J'aurai du me faire un peu violence pour sortir de ce cercle vicieux. Bref, pour me faire bouger le popotin, il fallait vraiment faire des pieds et des mains. Mes parents de guerre lasse, au bout d'un moment ont lâché le morceau. Il faut dire qu'ils avaient aussi toujours tout fait pour me protéger. Me surprotéger serait un terme plus exact. Il s'était passé des choses tragiques dans l'histoire familiale, des choses qu'on taisaient. Mais ces choses étaient présentes dans l'atmosphère et guidaient en secret les faits et les gestes, les paroles, aussi. Bref, mon adolescence s'est déroulé de façon un peu terne, j'étais repliée sur moi, dans ma bulle qui me protégeait et qui m'emprisonnait. Je n'avais pas conscience de ce qui se passait, la peur brouillait mon esprit m'ôtant toute capacité d'analyse concernant ma personnalité. Cette situation pourtant relativement simple me semblait à l'époque très compliquée! On a beau remonter dans son passé et essayer de le comprendre. On se retrouve projeté dans notre corps de l'époque mais avec notre façon de pensée actuelle. Et cela rend fou d'être passé à côté de choses si évidentes."

Vers le yoga : le sport

"Voila, c'était pour vous planter le décor, maintenant que c'est fait poursuivons... Puisque je vous parlais de mon corps, je dois vous confier que jusqu'à 35 ans à peu près, je n'ai jamais été obligée de faire du sport pour perdre du poids. Etait-ce chance ou malchance? On dit bien que tout malheur est bon a quelque chose et tel est effectivement le cas. Aujourd'hui, je l'ai compris. Il y a toujours moyen de positiver. Les épreuves voire les échecs sont autant d'occasions de grandir et d'avancer sur son chemin de vie. Bref, revenons à nos moutons : à 35 ans patatra, prise de poids!  Arrivé, la quarantaine les choses empirent : la vilaine bedaine. Alors mon compagnon de l'époque, à force de persuasion a réussi à me convaincre de me mettre à la muscu et à la course de fond. Son dernier argument et celui qui a fait mouche : "de toute façon, c'est ça ou je te quitte, bon dieu bouge toi le cul!". Dès mon arrivée a la salle de musculation, je prends  conscience que je suis physiquement dans un état pitoyable. Alors mon expérience est un peu mitigée. Mon dieu comme j'avais horreur des exercices que ces sadiques de professeurs nous forçaient jours à accomplir après jours : satanées pompes qui aspirent telles des vampires, toute l'énergie contenue dans nos biceps pour les remplacer par des douleurs à la stridence insupportable! Maudits gainages qui entortillent le corps d'un fil de fer barbelé ET électrifié. Abominables squats mettant à la torture abdominaux, quadriceps, cuisses et fessier. Etc, etc ... J'en passe et des meilleurs. Pourtant quelque chose me retenait de tout envoyer valdinguer. Je me sentais mieux, vraiment mieux. J'y ai trouvé la motivation pour continuer tant bien que mal.

La voix du yoga

Mais au bout de 4 semaines, j'ai senti que ma volonté fléchissait. Mon compagnon Pierre qui est vraiment très attentionné et très attentif l'a rapidement remarqué. Pas à bout de ressource et très déterminé, il a alors entrepris de m'aiguiller sur la voix du yoga. Il avait pratiqué cet discipline à la fois sportive et spirituelle dans son enfance. Cela lui avait beaucoup apporté. Il avait arrêté par manque de temps à cause de son job qui était très prenant (gérant). Enfin arrêté de pratiquer le yoga en salle, mais tous les matins, il avait son rituel yogique qui durait 10 minutes : sur notre balcon, qu'il vente ou qu'il pleuve, il faisait sa danse du dragon comme il disait. A vrai dire je ne m'y intéressait pas trop. Je n'étais pas aussi attentive et attentionné que lui... Je trouvais cela un peu farfelu pour tout dire, cela m'amusait parfois et d'autres fois, ça m'énervait. Je me moquais un peu de lui. Il faisait cela parce que c'était à la mode. Pas de doute, pour moi, c'était une spiritualité de pacotille. Une vraie Madame je-sais-tout que je faisais, engluée dans ma bêtise. Pierre avait essayé de m'initier à cette pratique orientale mais j'avais toujours catégoriquement refusé. Alors, il avait laissé tombé. "Tu ne sais pas ce que tu perds" m'avait-il simplement assené au bout de quelques temps, une lunaison, 3 semaines si mes souvenir sont bons. Cela avait clos le chapitre et voila qu'aujourd'hui, il le rouvrais. Il revenait à la charge mais avec douceur, comme il sait faire. De la douceur et de la patience, il en fallait à l'époque pour me supporter. Mais je vous rassure j'avais quand même aussi de bons côtés. Beaucoup d'humour par exemple. J'étais d'un naturel taciturne et réservé mais j'avais aussi de longs moments d'euphorie. Où je pouvait être drôle comme c'est pas possible : humour au cinquantième degré. Pierre adorait ça. Il riait, il riait. On avait des fous rires des heures entières. D'autres choses aussi nous rapprochaient...

Le gage du yoga

Bref, un jour, il a organisé un traquenard, un coup fourré, une embuscade, un plan véritablement machiavélique. On avait fait un pari dans un de mes moments euphoriques. J'étais partie dans un de ces délires dont j'avais le secret parodiant nos amis, des célébrités, rejouant notre week end dans une version améliorée, plus haute en couleur, qui prenait les allures d'une comédie endiablée. Humour décalé, absurde comme parfois la vie l'est. Je me moquais toujours gentiment de tel ou tel, et de moi férocement. J'avais mes moments de lucidité. L'humour était pour moi une soupape dont je ne pouvais me passer. Les jeux de mots fusaient alors de tous les côtés dans un jouissif feu d'artifice. Une fois, l'excitation passé, nous nous allongeons, nous regardant avec complicité. Pierre a les yeux qui pleurent tellement mon numéro l'a amusé. Puis je vois passer dans son regard une lueur qui m'intrigue. Je le fixe et sur le ton de la minauderie je lui demande : "Quoi? A quoi viens-tu de penser?". Il ne me répond pas tout de suite et laisse le suspens s'installer. Je me demande ce qu'il va bien pouvoir me dire. Il me dit alors sur un ton mystérieux : tu sais quand on s'est connu l'humour, c'était pas mon fort. C'était une chose que j'appréciais mais dont je ne faisais pas preuve. Et bien, tu sais, depuis toutes ces années que nous vivons ensemble et que nous partageons ces longs et fréquents moments de folles gaieté, je crois aujourd'hui être capable de t'égaler de ce côté. "J'aimerais bien voir ça" je lui répond avec des airs provoquant. Il me réponds : "Ecoute, faisons un pari : si je peux te faire rire à gorge déployée pendant une demi heure, tu me donneras une heure de ton temps pendant lequel tu devras m'obéir sans broncher une seule seconde. Je lui réponds "ok, pari tenu". C'est alors que Pierre se lance à ma grande stupéfaction dans une irrésistible imitation de moi : les mots, les gestes, les airs tout y est grossi à la loupe d'un subtile et fin observateur. Parfois ça pique un peu quand il met le doigt sur mes défauts mais c'est fait avec une telle finesse que je m'écroule de rire et lui accorde de bonne grâce la victoire quant au pari. Ah il en avait fallu des années avant qu'il ne se départisse de sa timidité qui retenait derrière une grille cet humour débridé. Non, m'assura-t-il, c'était moi qui lui avait donné ce talent. Enfin si, il avait du vaincre sa timidité quand même. Il m'avoue qu'il n'était pas tout à fait sûr de son coup en lançant le pari. Maintenant, ça va être à moi de jouer. Quand aura lieu cette fameuse heure de soumission absolue à sa volonté? C'est samedi prochain à 11h, il m'emmèneras dans un endroit spécial. Je suis intriguée. Il est l'heure de se coucher.

Premier cours de yoga

Le samedi venu, il me conduit en voiture vers l'endroit mystérieux. C'est un studio de yoga. Je vais participer à mon premier cours avec Grégoire, un ami perso de Pierre, un prof de yoga incroyable. J'ai pensé qu'il exagérait un peu en le décrivant ainsi. Puis je suis entré dans la salle. Pierre m'a accompagné jusqu'au seuil de la porte comme lorsqu'on accompagnait nos filles à l'école. Il me tenait par la main. Il a salué Grégoire de loin puis m'a laissé pénétrer dans la salle. C'est ce jour là que j'ai commencé le yoga, c'est ce jour là que ma vie a complètement changé. Avant, j'étais comme scindée en deux, le côté clair et le côté obscur. Maniaco-dépressive, bi-polaire, c'est comme ça qu'on dit, je crois. Alors pour être précise, mon premier cours est un cours de Hatha Yoga donné par un professeur vraiment extraordinaire, je le confirme. Pierre n'avait pas menti : Grégoire connait son affaire. Il est roux, grand et athlétique. Surtout il respire la sérénité. La gentillesse aussi. C'est le premier cours de l'année, super je ne vais pas prendre la formation en cours. Le niveau : débutant, comme toujours Pierre a bien fait les choses. Ces deux informations que nous donne Grégoire au début de la séance dissipent une part de mon angoisse et me détendent un peu. Il commence par nous expliquer dans les grandes lignes ce qu'est le hatha yoga. Alors, en gros, c'est le yoga traditionnel. Il plonge ses racines dans l'histoire de l'Inde. Une pratique définie par un texte : Haṭha Yoga Pradīpikā composé par le yogi Svatmarama. Aussi par les Yoga Upanishad pour l'exploration du côté spirituel. Au XXème siècle, le Hatha Yoga envahit (pacifiquement) le monde occidental... Pour remonter aux sources, hathayoga est un terme de sanskrit que l'on peut traduire par "yoga d'effort". Il se présente comme une voix à suivre menant à l'éveil spirituelle. Ce chemin initiatique proposent comme étapes conduisant au but ultime la maîtrise des différentes postures, le contrôle du souffle et la pratique assidue de la méditation : asanas, prāṇāyāma et dhyāna. Pour résumer, le Hatha Yoga est l'alliance du corps et du mental qui ouvre la porte du bien-être, de la pleine conscience et du lâcher-prise. C'est l'accès au royaume de la Vie douce et intense, un passeport pour vivre l'instant présent en se débarrassant des oripeaux du passé et des pensées limitantes. Le hatha yoga vous économise dix mille séances de psychanalyse. Il vous dispense de l'usage des lourdes caisses à outils du développement personnel. Quand on le maîtrise, il se métamorphose en une clef qui s'adapte à toutes les serrures. Ces serrures qui cadenassent les portes donnant sur les couloirs de la liberté intérieure. Voila, si je me souviens bien le tableau que nous peint en premier lieu Grégoire en avant propos de son cours. La vue d'ensemble. Je me demande alors s'il va concrètement nous détailler les bienfaits du yoga. Le sport m'en procurait. Est-ce que son yoga va m'en donner d'avantage. Sans que j'ai besoin de poser la question, comme tout bon pédagogue, Grégoire soulève l'objection.

Bienfaits du Yoga 

" Nous nommerons maintenant Hatha yoga, yoga tout court parce que ce sera plus simple et parce que tel est le cas. Le Hatha Yoga EST le Yoga. Comme tous les yogas qu'il a enfanté et croyez moi, la famille est grande (citons dans le désordre les progénitures les plus célèbres : Vinyasa Yoga, Ashtang Yoga, Bikram Yoga, Kundalini Yoga, Aéro Yoga... une bande de frères et sœurs ayant chacun leur personnalité, sans oublier les petits derniers comme Yoga Nu, Yoga Yeux, Yoga Visage ou Yoga Rire...), comme tous les autres yogas, disais-je, Hatha Yoga, Yoga donc, le patriarche, l'Adam de ces pratiques orientales, apporte de nombreux bénéfices dans la forme physique et mentale de celui qui le pratique. En vrac et sans être exhaustif, au fur et à mesure de votre pratique vous assisterez à l'arrivée de dame souplesse vous conférant les vertus de l'élastique, vos mal au dos s'évaporeront jusqu'à se perdre dans les hautes atmosphères, votre squelette se musclera, reprendra vie, retrouvera sa minérale santé, votre concentration deviendra un puissant laser - un focus tel une arme de science fiction, votre mémoire, de disque dur transitera en un serveur super puissant, votre esprit aura la clarté du cristal, votre stress s'atrophiera, votre anxiété s'inquiétera de ses problèmes à respirer, votre sommeil deviendra réparateur comme jamais. Tout cela laisse de rêveur, n'est-ce pas? Mais attention pour obtenir de tels résultats, il va falloir être régulier, constant, persévérant et assidu. Un conseil : travaillez dur et tous les jours pour obtenir les bienfaits cumulés. Mais bon, à vous de voir si vous voulez investir dans votre santé. Si vous suivez ma méthode, vous verrez, les résultats seront exponentiels... Alors êtes-vous prêts à dire "Banco"? Je vous propose un plan où vous n'épargnerez pas vos actions! Pour enfoncer le clou je vous garanti "satisfait ou remboursé" qu'après 3 mois d'exercices votre risque d'être atteint du dévastateur diabète sera divisé par deux, des études scientifiques l'ont démontré."

Alors oui, je suis un peu devenue accro au yoga. Je m'étais inscrite dans un deuxième cours de Yoga en plus de celui de Grégoire. La professeur était une femme d'un tempérament complètement différent de celui de Grégoire. Ils étaient tous les deux étonnants et convaincants à leur manière. Gina très directive presque militaire. Grande, brune, élancée et souple, elle me mettait la pression et me poussait dans mes derniers retranchements. Alors que Grégoire était comme je vous l'ai expliqué tout en douceur. L'une était un peu sèche et parlait peu mais avec un fort impact, l'autre avait beaucoup recours à la parole. L'autre professeur était bavarde et un peu plus douce, mais aussi attachante et addictive. Je les aimais vraiment. Ils m'ont faite avancé. Ca a duré 2 ans. Puis sans qu'il se soient concertés, ils ne se connaissaient que de nom, un beau jour, enfin pas exactement le même mais presque, ils ont chacun quitté Paris pour aller s'installer, Gina à Lyon et Grégoire à Marseille. Je me retrouvais un peu orpheline. J'ai essayé de trouver un autre cours qui me conviendrait mais en vain. J'avais pris mes habitudes et mes deux cours se complétaient bien m'apportant en se combinant un parfait équilibre. Alors de guerre lasse, je me suis mise à pratiquer seule la méditation pure, hors yoga. Grégoire m'y avait initié, il m'avait assuré que méditer un quart d'heure par jour pouvait complètement changer ma vie. Je ne faisais donc mes 15 minutes quotidiennes attendant impatiemment que la grande transformation advienne.

Apprentissage de la méditation

Effectivement les choses évoluaient et m'entrainaient dans la même direction que le yoga. Je commençais à faire des recherches, bibliothèque, internet pour approfondir ma connaissance de la méditation. J'ai appris la méditation guidée dans laquelle la voix vous prend par la main et vous emmène d'un endroit vers un autre sans vous laisser le temps de penser à quoique ce soit.
J'ai fixé la flamme d'une bougie sans bouger l'esprit qui flâne autour d'un hypnotique feu follet. J'ai récité des mantras, ces chapelets de sons. J'ai habité ma respiration et pris possession du moment présent. Il m'a fallut des siècles avant de comprendre que je pouvais bien consacrer également un quart d'heure par jour à faire mon yoga toute seule sans qu'on me tienne la main. 

Leçons de Yoga à domicile

Et pendant toute une année, j'ai pratiqué le yoga à domicile. Au début, un quart d'heure puis rapidement plus d'une heure. Exercices de yoga réparateur ou enchaînements hyper énergétiques de vinyasa yoga, je testais peu à peu toutes les formes de yoga que je ne connaissais pas. Les vidéos sur YouTube m'ont été d'une précieuse aide. Je continuais mon chemin et poussée par les vents puissants de la méditation et du yoga je m'approchais encore plus d'avantage de l'île de la sérénité. Là on pouvait se ravitailler en calme, force et stabilité. Indéniablement ma vie changeait. Il va de soi que je persévérais. 


Mon avenir vêtu en yogi

Un jour, je tombe sur une méditation guidée un peu spéciale intitulée "Trouver votre guide intérieur". On m'y fait visualiser la porte d'une maison qui donne sur un jardin, puis plus loin des bois, encore plus loin un rivière conduisant à un lac. un lac, puis un bateau et enfin une île. Arrivée sur l'île, je descend des escaliers qui men mènent jusqu'à une clairière. Là j'aperçois le dos vouté d'une très vieille femme aux cheveux d'argent attachés en chignon. Et surprise, elle porte des vêtements de yoga traditionnels vous savez en coton rigide, à l'ancienne, quoi. Alors vous savez, j'ai toujours été convaincue quand j'étais enfant qu'il y avait une telle très vieille dame qui avait établi domicile dans ma tête. Elle pouvait me parler et j'étais bien sûr la seule à l'entendre. Alors je l'écoutais et aussi jeune que j'étais à l'époque je réalisais que cette vieille femme pouvait voir au delà des apparences trompeuses, ces déguisements de la vie. Elle appelait chaque chose par son nom, je veux dire par leur vrai nom.
Quand j'ai aperçu cette vieille dame dans la clairière, je me suis dit que j'allais enfin la retrouver, MA petite vieille qui m'accompagnait de sa présence durant mes jeunes années et qui avait disparu subitement un beau jour, déménageant de mes pensées avec malles et bagages. C'est alors qu'elle s'est retournée et c'était moi, moi en plus âgée et en plus sage aussi. C'était mon avenir que je voyais mais pourquoi donc ces vêtements de yoga. J'aimais profondément le yoga mais ce n'était pas toute ma vie, non plus. Juste une heure par jour qui certes m'équilibrait et m'ouvrait l'esprit mais les 23 autres heures je faisais plein d'autres trucs, hormis les heures où je dormais... Le Yoga allait sûrement tenir une part de plus en plus importante dans ma vie.

Mon studio de yoga

Et devinez quoi peu de temps après cette méditation, je me mets à rechercher à tout prix la trace de mes deux anciens professeur de yoga, vous savez : Grégoire et Gina. Et un jour j'y arrive enfin. Il fallait que je leur parle et que je leur propose une idée folle. Ca avait germé là dans ma tête, sans trop que j'y réfléchisse. Je voulais ouvrir un studio de Yoga à Paris. J'avais dans l'idée de les convaincre de tout plaquer pour venir me rejoindre pour enseigner le yoga dans ma future salle. À l'époque, j'avais un peu d'argent de côté. Mes économies et l'argent dont j'avais hérité à la suite du décès de ma mère. Je ne voulais pas laisser dormir cet argent, je voulais faire un investissement. Et pour joindre l'utile à l'agréable, pourquoi ne pas investir dans le yoga. Pierre, pourtant de nature prudente était d'accord avec moi, il trouvait que c'était une bonne idée. Grégoire aussi, l'idée l'emballa. Gina, non, elle avait trouvé ses marques à Lyon. Ce studio, c'était plus qu'un investissement. C'était ma vocation qui ruait dans les brancards de mon inconscient. Elle poussait de tous côtés pour naitre à la lumière. Mon job quoique bien payé ne me plaisait plus guère : c'était une prison dorée qui m'empêchait de respirer librement avec son bâillon fait de billets. Suite à l'accord de Grégoire les choses se sont accélérées. J'ai déniché le local idéal et signé aussi sec, le bail. Pierre voulait investir aussi dans le projet. Un de nos amis, un entrepreneur en décoration intérieure nous a fait un prix pour rafraichir le local et le mettre au goût du yoga. Il y avait aussi un café et un magasin d'accessoires pour le yoga, c'était vraiment un gros, gros projet. Les préparatifs se sont achevés dans les temps, 5 mois de travaux rondement menés. Grégoire comme promis nous a rejoint comme professeur de yoga et nous en avons recruté un deuxième : Nathalie qui venait juste d'avoir son diplôme. Nous avons ouvert, c'était le 2 mai, je m'en souviens encore. On a fait une petite fête. On avait fait de la publicité, distribué des flyers. On attendais de pied ferme nos premiers stagiaires. On allait voir ce qu'on allait voir. La vie semblait nous sourire.

Apprenons à rester zen

Et bien les débuts furent difficiles. Les cours étaient à moitié remplis sinon pire contrairement à ce que, naïve, j'avais imaginé. Tout impatiente de réussir, je n'avais pas fait de business plan, d'étude de marché. Finalement le studio n'était géographiquement pas super positionné. Les emmerdes commençaient à pointer le bout de leur nez. Ensuite Nathalie est tombée malade. Au bout d'un mois, Grégoire, vraiment géné, a préféré démissionné. Il avait trois enfants et même si le projet l'avait emballé, il avait trois enfants et il préférait retourner à Marseille ou il n'avait pas pu être remplacé afin d'assurer les arrières. Nous ne lui en avons pas voulu de nous lâcher vu la mauvaise tournure que prenait cette affaire. Enfin, je lui en ai quand même voulu car nous avions un cours qui devait commencer et même s'il n'y avait pas affluence, il fallait bien l'honorer. Il n'y avait que moi pour venir faire le professeur de yoga mais le problème c'est que je n'étais pas professeur de yoga. petite panique au milieu de la tourmente. Bon, réglons les problèmes les uns après les autres. Après tout je me rendais compte que c'était ça le job d'un entrepreneur, trouver des solutions aux problèmes qui se posaient. C'était certainement pas investir des tonnes d'argent en suivant ses égoïstes envies les plus folles. Non, il faut avant tout s'assurer qu'on répond bien à un besoin. J'ai demandé à Pierre de vérifier si je pouvais légalement dispenser un cours de yoga. Mais sans réponse de sa part et devant le fait accompli, j'ai pris mon courage à deux mains et me suis dirigé avec mon tapis jusqu'à la salle. Là, 5 stagiaires attendaient. "Entrez, entrez, je vous en prie". J'ai fait le vide dans ma tête pour oublier tous mes autres soucis pour me concentrer sur le premier cours de yoga que j'allais donné. Je revisionnais mentalement le premier cours que j'avais suivi avec Grégoire et le premier avec Gina. Je fis un mix des deux et, et, et.... Et tout s'est impeccablement passé. Les stagiaires étaient ravis. Et pour moi cela avait été une expérience vraiment incroyable : une véritable révélation.

Professeur de yoga, ma vocation

A la seconde où je suis sortie de la salle, un fluide magique d'une sereine et excitante énergie irrigua tous les vaisseaux de mon corps. Un courant électrique parcourait dans tous les sens la surface de ma peau. J'avais la chair de poule. Je me sentais à la fois forte et fragile, une cuirasse de crocodile a surgit recouvrant tous mes membres, c'était l'armure animale de ma volonté devenue farouche. Ma motivation devint un vent puissant, le mistral en personne qui entrainait mon corps dans le dédale des couloirs. Il me transbahutait manu militari jusqu'à mon bureau. J'appelais en urgence mon compagnon. J'étais submergée d'émotions contradictoires. Ce que je ressentais tout au fond de mes tripes devait sortir de moi avant que je ne me noie. C'était un instant de félicité absolu, un tourbillon émotionnel sans fin. Pierre décrocha son combiné. "Pierre, Pierre, je suis dans un état pas possible", lui dis-je de but en blanc. "Que se passe-t-il? Encore des soucis?" me répondit-il. "Non, non, je viens d'avoir une révélation" et je lui expliquait alors par le détail comment le ciel venait de me tombé sur la tête, le ciel de mon ancien moi, un nouveau ciel plus radieux, plus pure l'avait chassé et remplacé. Un bleu profond, celui d'une foi fervente en l'avenir s'étendait tout autour de moi. Je souhaitais ardemment devenir professeure de yoga. Evidence absolue. Un escalier conduisant aux cimes des cieux se déroulait devant mes yeux médusés. Il m'impressionnait. Il promettait monts et merveilles, mais, monumental, il annonçait avec tambours et trompettes dur labeur, dépassement de soi... Pierre riait de bonheur pour moi. Une issue miraculeuse perçait les fortifications de nos emmerdes. Coup de théâtre. Revirement. Virage à 90°. Un vendredi, le miracle advint un vendredi, le jour de Venus. Venus déesse de l'amour, de l'attraction. Ma planète du yoga percutée par le météorite rougeoyant de la transmission, de la pédagogie, de l'enseignement, m'attirait irrésistiblement. Lutte impossible. Abandon volontaire. Me voila mise en orbite. Tournant autour de l'astre de feu, ma vocation.

Inspirer, expirer : respirer

Mon studio de yoga, mon entreprise, écrivait son nom en lettres de néon au dessus de l'entrée : "INSPIR" . Lumières bleus et roses s'entremêlaient accrochant le regard des passants lui tendant, racoleuses, leurs bras électrisés. "INSPIR", nom inspirant, longtemps je me suis retenue à toi. En toi je venait récolter moultes pépites de force et de courage. Six lettres, ,mine d'or, l'or de la ténacité. Or brut. Or précieux. En toi, j'allais puiser mes ressources. Y découvrant des filons de pensées positives. Je piochais et repiochais. A la recherche d'énergie. Au fond du puit des années durant, je l'ai précieusement recueillie. Cette énergie qui parfois me manquait tant. Mes proches, Pierre spécialement m'ont soutenue. Robustes et infatigables étais de l'Amour et de l'Amitié. J'ai cheminé aussi loin que possible dans les dédales obscurs de ta concession. "INSPIR", "INSPIR" mot magique, en symbiose avec le Yoga, en toi je prospectais. Le précieux minerai. Le plus précieux de tous : la résistance à l'échec. Mais un jour, le filon s'est tari. Au fond du tamis, rien, nada, que dalle. Comment accepter? Après l'inspir, vint l'expir. Oui j'ai bien cru expirer. Il m'a fallu trouver dans la philosophie du Yoga la solution pour m'extirper de cette impasse. Savoir apprendre de ses erreurs. Même si la vrai sagesse est d'apprendre des erreurs des autres... Mais pas moyen de revenir en arrière, tout changer ce qui avait cloché. Aller de l'avant. Reconstruire à partir de ce que l'on a appris. Trouver en soi l'énergie du scorpion... Mais revenons plus en détail sur ce qu'il s'est passé. Une histoire dans l'histoire. Mon histoire de yoga qui je l'espère vous inspirera... Le fin mot, en tout cas : la vie est le plus sévère des professeurs.

Enseignement en saignement

INSPIR a bien pris son temps pour démarrer. Pas qu'il n'était pas pressé, au contraire. Il l'était peut être trop. Pourquoi se dédouaner? Je l'étais trop. Trop impatiente, cela prenait des allures de caprices. L'enfant unique. L'enfant gâté. Bon ce stade était maintenant dépassé. Stade suivant : persévérance, recherche à tout prix de solutions. Mais aussi en mirroir : "A quoi bon s'acharner?" et encore "l'erreur est humaine, ce qui est diabolique est de persévérer". Décision prise après moulte délibérations avec moi même : jouer son vas tout, sauver les meubles, sortir de se merdier. Objectif fixé. Moyens alloués : rester zen envers et contre tout, ne jamais baisser les bras, toujours se relever. Stratagème de dernier recours : réciter des mantras. S'auto-conditionner. Chaque soir, une prière : "Mon Dieu, faites que demain, la vie m'apporte les occasions de grandir et d'évoluer sur le chemin qui est le mien." Combien d'occasion d'évoluer vers le Beau, le Bien, le Vrai viennent chaque jour toquer à notre porte sans que nous levions le nez? Mes longues heures à penser et repenser sur le passé m'avaient d'abord enfouie dans un profond brouillard. Mais je commençais à réaliser que je n'étais qu'un pantin. Mon inconscient dans les coulisses tirait les fils de mon destin. Mais un jour, satori. Je conscientisais un secret de la vie. Cela relevait de l'alchimie. Combien de personne savent-elles transformer le plomb en or? Mon entreprise, après tout n'était-elle pas devenue un laboratoire? Labeur et oratoire. Expériences et réflexion. Voila de quoi méditer et re-méditer. Pour ne pas oublier, j'inscrivais ces leçons à retenir sur des post-it dans chaque pièce de la maison. Des publicités. Des 4 par 3 en miniature. Ma campagne personnelle d'affichage dévorait mes murs, mes miroirs, mes portes de placard. Une véritable élection présidentielle. Mais un putch se préparait. Il fallait destituer mon subconscient, le tyran auquel j'obéissais docilement depuis des lustres. Une révolution couvait. Il fallait rester zen, garder les nerf dans cette lutte avec soi-même. Allais-je rester ma meilleure ennemie ou bien triompher du mal. Terrasser le dragon, tel Saint Michel, fut l'option choisie. J'allais chevaucher le destrier de mes pulsions pour galoper jusqu'à la libération. Mais d'abord, il fallait l'apprivoiser, le domestiquer ce fichu subconscient. Comme arme je ne possédais pas d'épée, ni de lance. Le yoga serait mon armure, la méditation mon filet de gladiateur, et ma conscience, un trident. J'étais finalement pas trop mal équipée. Le combat pouvait commencer... Je rentrais dans l'arène. Au moment de fouler le sable de mon Colisé personnel, juste avant d'entendre les clameurs du public avide de sang et de pleurs, je me répétais en mon for intérieur : il s'agit de lâcher prise pour gagner en rigueur, être en état de pleine conscience pour dévorer en le savourant, tout l'air que l'on respire.

L'apprentissage continue

Alors, les premières semaines, stagiaires : 4. Aie, aie, aie, pas gagné le pari sur le yoga. Qu'est ce que j'ai loupé. Je relis mes pubs, mes flyers, mes tracts. Ils sont d'un ordinaire, comment j'ai pu y croire. Pierre confirme, il me l'avait bien dit en ménageant bien sur les formes, lui qui est zen entre les zens. Je suis si suceptible, il doit toujours prendre des pincettes... Et moi bien sûr, je n'ai pas tilté. Comme toujours j'en ai fait rien qu'à ma tête. Sure de moi, pour palier à mes doutes, redoutant mes faiblesses. J'avais tellement travaillé la dessus qu'il m'était impossible de reconnaitre que c'était en pure perte. Bon acceptons la leçon, refaisons ce qui a été raté. Je suis devant le fait accompli, il me faut accepter le dur verdict de la Vie. Alors un long silence, le corps immobile, je fais le vide comme au yoga. Je me déleste du superflu, les travers de mon caractère pour réexaminer le problème avec des yeux neufs. Soyons à l'écoute de ce que nous enseignent ces erreurs. Erreurs à ne plus commettre : 1 - ne pas prendre en considération les conseils de mon entourage. 2 - avant de se lancer dans un monde nouveau, faire des recherches, se documenter auprès des experts en ce domaine. 3 - Se remettre en question pour choisir les meilleures options en toute objectivité. 4 - ... Non tenons nous en à 3 choses à améliorer. Le mieux est l'ennemi du bien comme répète inlassablement mon tonton Thémy.

La bonne élève

Relecture des slogans, accroches et corps de texte de mes réclames. Rien d'extraordinaire, vraiment... Quand les gens ont du les lire, ils avaient beau être intéressé par le yoga, ça n'a pas du les faire rêver... Encore un nouveau studio de yoga comme les autres, ont-ils du penser. Encore un. Je farfouille sur internet et tombe sur une vidéo YouTube. C'est un jeune qui parle de marketing d'une façon intéressante. C'est le moins qu'il puisse faire me direz-vous, un marketeur se doit d'être intéressant. Il doit intéresser son prospect s'il veut lui fourguer sa camelotte, c'est la moindre des choses, le B-A-BA de son métier! Bref, il analyse une série. Justement c'est un gars qui travaille dans la pub, aux Etats Unis, dans les années 30. Stan, c'est le nom du youtuber décortique une scène de vente. Il y a une sorte de mise en abime qui est intéressante je trouve. Le publicitaire doit vendre à son client l'idée qu'il a eu pour vendre le produit que son client veut vendre à ses propres clients. J'y récolte une mine de conseils. J'achète une formation en ligne pour apprendre à vendre, c'est un certain Antoine BM, le formateur, le prof. La formation est intéressante aussi, elle est claire, elle va droit au but, il n'y a pas trop de cours et ils ne durent pas longtemps mais, diable, comment s'y prend-il, je retiens bien, et toute la journée ces leçons font germer en moi des idées nouvelles. Ces cours m'inspirent, ils ne me bouffe pas trop de temps, c'est ce qu'il me fallait. Il y a urgence, la maison brûle (au feu les pompier!), il me faut réagir au plus vite. Je remercie mon ange gardien de m'avoir fait découvrir ces deux markéteux. C'était il y a peu, un métier que je tenais en piètre estime, que je méprisais même un peu. Pas vraiment l'état d'esprit adéquat pour quelqu'un qui veut devenir un maître yogi! Encore une chose à corriger. Décidément, il faut que je revois ma copie!

Pub pour cours de yoga

Lendemain : routine matinale, yoga, variation autour de la posture de la colombe. 15 minutes. Provisions de sérénité, force, courage emmagasinés : je me remets sitôt après à la tâche. Anciens visuels, supprimés, trop communs, trop banal, direction : google image, outil : images, libres de droit, grand format. Postures de yoga dans tous les sens, torsions, contorsions, photos moches prise à l'arrache, belles photos, prises de vue pros, intéressant, mais sous licence, dommage, pas le temps de me pencher sur le sujet des droits d'auteur, Ah tiens, une photo très classe, en noir et blanc, titre : Vinyasa yoga, un homme musclé dans une position très acrobatique, photo libre de droit, photo gratuite, intéressant, très intéressant. Sur mon bureau, un business plan, téléchargé sur le net, je l'ouvre et le parcours avant de partir tête bèche sur ma première idée, problème : posture exposée très belle mais techniquement très compliquée, mon public cible : novices en yoga, cette photo est-elle pour eux, non, elle va les intimider, du coup tout à refaire, retour sur google, je scroll, je scroll, et là miracle, la photo qui avait attiré mon attention, elle fait partie d'une série, toutes avec les mêmes conditions juridiques, licence creative commons, parfait, il y a des photos de même qualité, avec postures pour débutants, Je clique sur la plus parlante, elle s'agrandit et se répand sur tout l'écran, coup d'œil sur l'étude de marché, chapitre "prospecter", check-up du pense bête : comment ne pas se planter dans vos publicité, ok toutes les cases sont cochées, je télécharge, enregistre dans le dossier, importe dans mon fichier, logiciel : Corel Draw, ma copine Adeline, graphiste m'avait tanée pour que j'apprenne à m'en servir, pas convaincue, j'avais quand même cédé, son insistance, le plaisir de sa compagnie l'avait emporté, bonne idée qu'elle avait eu, au travail, après l'image maintenant le texte, accrocheur, il le faut, absolument, mes cours de marketing, vite, vite : suivre méthode AIDA, ok, c'est parti, les choses s'enchaînent comme au Vinyasa Yoga, le plus dynamique des yogas, mais l'écran, ses reflets, mes yeux fatiquent, petite pause, séance de yoga des yeux, exercice de l'horloge, 30 seconde chrono, vue soulagée, retour au texte, reflexion, rien ne vient, peur de la page blanche, allez le plus dur, c'est de s'y mettre, premier jet, 10 minutes, relecture, correction, ajouts, retraits, autre idée, autres idées, nouvelles pistes, recul, interrogations, bien, pas bien, hésitation, trancher, avancer, jeter sur le papier, autres sensations que taper sur le clavier, plus charnel, plus inspirant, sans commune mesure, torrent d'idées, tsunamis de mots, recommencer, épurer, rayer, barrer, annoter, réorganiser, les transitions à peaufiner, lire relire, voix basse, voix haute, attentive au rythme, aux sonorité, figures de style? oui si fait naître une émotion, sinon non, aller au plus simple, pourquoi compliquer?, quoique, là cette formule alambiquée, par quoi la remplacer?, cerveau qui bouillonne, soucis qui surgisse, vite, les chasser, rester concentrée, remettre cent fois l'ouvrage etc, etc..., bloquage, débloquage, ne pas s'arreter, qu'une fois fini, tenir jusqu'à tenir la bonne version, celle qui fera mouche, prospect chaud, prospect froid, choisir sa cible, l'atteindre, au coeur, convaincre, persuader, déjouer son esprit rationnel qui sous prétexte de vouloir son bien fait son malheur, comment se passe une séance de yoga chez nous?, non, plutôt quel bénéfice retirerez-vous à pratiquer le yoga tel que nous l'enseignons, repondre à un besoin,  santé, mental, spiritualité, se mettre à la place du lecteur, l'imaginer, créer son alias, encore tout recommencer, à l'aune de ces nouvelles considérations, deviennent des automatisme, pénètre mon inconscient, pénétrer inconscient des prospects, ce qui se joue dans leur tête, biais cognitifs, barrières, obstacles, à contourner, là une brèche, prendre d'assaut la citadelle psychologique, à l'abordage, pas de quartier, la vie ou la mort... Oulala, se calmer, fini, première version, mettre le point final, se calmer, relire, valider ou recommencer?, encore un détail, un autre, ça va passer, non soyons perfectionniste, atteindre son objectif, mettre toutes les chances de son côté, ne pas tomber non plus dans le perfectionnisme, mais être rigoureux, autant que possible, respecter timing imposé, fin du premier jet dans 5 minute, sur chronomètre iphone, secondes s'égrainent sous mes yeux, oreilles aussi : tic, tac, tic, tac, ça sonne, ça vibre, on arrête, poser stylo, aller marcher, tour de la maison, observer arbre, plantes, oiseaux, apprécier lumière du soleil, caresses du vent, revenir devant bureau, prendre profonde respiration, être alignée avec soi même, réprimer appréhension, et lire comme si l'on était un autre que soi...

Note, Correction, mention

Une semaine a passé, j'ai soumis ma maquette à Pierre, à son approbation, a ses remarques pour que je progresse. Je l'ai écouté et je l'ai entendu cette fois. J'ai pris en compte ses objections, propositions, idées, pistes, suggestions. J'ai retravaillé mon ébauche, je l'ai peaufiné. Ce fut difficile. Plus difficile que de la créer. Là pas d'exaltation, la lutte contre soi même, la rigueur. D'abord ma brochure comportait plusieurs fautes d'orthographe. Pas du meilleur effet, ce genre de trucs. Pourtant j'avais bien relu. Mais il y a toujours des choses qui échappent. Rien ne vaut un regard extérieur, un œil neuf. Autres problèmes : des incohérences, manque de fluidité, mots surannés, manque de ruthme de ci, manque de pédagogie de là. Maintenant ça va, il valide. Une autre suggestion quand même : Pourquoi ne montrerais-tu pas ton flyer à tes quatre malheureux stagiaires? Je rigole et ne suis pas fâchée de sa petite pique, mon caractère a du évoluer, le fait d'apprendre de nouvelles choses peut-être ça m'a rendue plus humble, je ne sais pas en tout cas c'est positif! Ni une, ni deux je lui dis ok et je raccroche le téléphone. Je range mon bureau, j'imprime ma maquette sur une feuille A4 grammée et texturée, je prends soigneusement le précieux document en prenant garde de ne pas le froisser, je sors de la pièce et me rend à la salle pour mon cours de yoga.

Mes 3 étudiants

Quand j'arrive à bon port, mes élèves ne sont que trois, le quatrième s'est-il envolé? Je ressens soudain la peur qu'il ait abandonné. Le stress monte. Je chasse l'idée. Aussi bien, il est malade ou bien a-t-il eu un impondérable. Après tout peu importe, au point ou j'en suis... Les trois élèves saluent chaleureusement leur professeur de yoga. Ils ont compris la situation je crois mais il me semble bien lire dans leurs yeux des encouragements. Après tout les séances se sont jusqu'à présent bien déroulée et chaque fois, il semble content d'y avoir participer. Pourquoi feindraient-ils? Peut-être me prennent-ils en pitié. Allez rebelotte : on chasse l'idée. Penser positif, penser positif, mon mantra personnel se met en route automatiquement, mon écran de protection psychologique commence à être bien rodé. Ils tiennent en main chacun leur tapis et leur couverture. Je me fraye un chemin parmis eux (c'est pas difficile!), j'ouvre la porte et les convie d'entrer. Nous voilà en petit comité, c'est que carrément je leur dis pourquoi faire semblant que les choses ne sont pas ce qu'elles sont. En préambule, je leur touche deux mots de mon nouveau flyer, que je voudrais bien leur avis. J'ai peur d'abuser mais ça les intrigue et les flatte que je leur demande leur opinion et leurs conseils. Bref je pose ma feuille à l'écart, par terre mais avec grande précaution. Le cours de yoga commence, je les initie à la danse du dragon puis à la posture de la colombe déclinée dans toutes ses variantes. Après les exercices et le temps de méditation, c'est tout excités qu'ils viennent d'eux même vers moi. Alors, ce nouveau prospectus? Je leur tend la feuille, un peu nerveuse. Que vont-ils en penser? Allez les dés sont lancé. Alea jacta est.

J'interroge mes stagiaires

Ils lisent et ils relisent, très attentivement. Puis ils me regardent et ils s'expriment. Waouhh, c'est vachement mieux que l'original! La photo est super et le texte, quelle bonne idée d'avoir écris ça sous forme d'histoire. Et le titre est accrocheur aussi, bravo, vraiment bravo. Pas la moindre remarque négative, ils sont enchanté. Avoir parlé de ce qu'apporte le yoga au niveau de la santé et du bien-être plutôt que d'expliquer ce qu'en quoi il consiste, c'est bien. Ca va surement vous attirer des tas de gens qui ne ignore ce qu'est le yoga. Oui, c'est vrai, vous avez très peu de fois utilisé le mot yoga. Toutes ces périphrases qui expliquent ce que profondément il est, ça crée une sorte de suspens, on se demande quelle est cette méthode mystérieuse qui permet de recouvrer la santé. En plus c'est bien : vous ne promettez pas monts et merveilles, il seraient déçus après. Non, vous les prévenez qu'ils vont devoir faire des efforts. Du sang et des larmes pour exagérer un peu. Au moins on sait que c'est pas un attrape-nigaud. On est loin de la méthode "Comment perdre cinquante kilos en deux jours"! La photo est très classe aussi. Non, vraiment, c'est très bien. On aura surement de nouveaux collègues stagiaires d'ici peu. Et puis on voulait vous dire, vous êtes vraiment une super professeure de yoga, et même une super professeur tout court. On voit que vous avez vraiment l'amour de transmettre. On vous remercie tous les trois, vraiment, pour ce que vous faites. Moi je m'étais inscrite à un cours de yoga l'année dernière et j'ai laissé tombé. Le courant ne passait pas avec la professeur. Donc j'ai un peu de recul pour pouvoir affirmer que vous êtes vraiment une très bonne prof. Vous savez nous motiver, vous expliquez bien, vous donnez de bons conseils, mon petit doigt me dit aussi que vous choisissez les exercice en fonction de notre état de santé, quand on a un jour, tel problème spécifique dont on vous a parlé ou que vous avez deviné, vous adaptez votre cours en fonction? Je me trompe ou pas? Je lui répondis que oui, en effet je faisais tout mon possible pour que les séances se passent au mieux. Vous savez, pour moi, professeur de yoga, c'est un sacerdoce! Je les remerciais à mon tour puis après avoir terminé notre petite conversation, je partais illico presto chez mon imprimeur, munie de ma clée USB. Croisons les doigts, il faut que ça marche. J'étais impatiente de distribuer les nouveaux flyers. J'avais peur aussi que cela ne fonctionne pas. J'étais moins euphorique par rapport à avant. Je me préparais au pire tout en espérant beaucoup. Histoire d'être moins déstabilisée en cas d'accident de parcours...

Apprentie sage?

Bon mes flyers ont eu un peu de succès mais pas autant qu'escompté. un mois après leur diffusion, j'ai 8 stagiaires au lieu de 4. Ca progresse me direz-vous. Mais pas assez vite. Les échéances tombent pour le loyer, les frais généraux, les taxes... J'étais agent immobilière dans un grand cabinet. J'ai demandé à mon patron de passer à mi-temps parce que c'était le moment, parce que c'était ça ou le studio INSPIR allait mourir, j'ai fait ça en désespoir de cause, pour me mettre la pression, quelle idée! Une idée de mon ancien moi, je suppose, qui n'attendait qu'une occasion de se remanifester à mon souvenir. Alala, dans quelle galère je m'étais mise! En plus je retombais dans mes travers... Tout mon argent passait à renflouer les caisse de la société INSPIR. C'était mon portefeuille qui étouffait. La situation empirait. J'essayais de tenir bon. Un jour, au bout d'un an et demi, on est enfin devenu rentable mais à quel prix. Je suivais des cours intensifs pour devenir officiellement professeur de yoga, avoir mon diplôme, me mettre dans les clous de la légalité... J'essayais de faire feu de tout bois pour sortir de ce merdier : je créais un site de vente en ligne, si vous lisez ces lignes, vous savez de quoi il s'agit : son url, symbole-protection.fr, le nom de la boutique : Le Voile d'Isis. En créant cette boutique de vente à distance, encore une fois, je m'éparpillais (façon puzzle qui tombe de la table). Le site internet avançait petit à petit. Je ne savais pas programmer et dieu seul sait pourquoi, je voulais absolument tout faire toute seule. Les yeux plus gros que la bedaine! Alors j'ai recommencé mon processus d'autodidacte : j'ai parcouru les océans du web à la poursuite d'une solution magique. Et je l'ai trouvé, enfin c'est ce que j'ai cru au début. C'était shopify, un CMS, un "Content Management System" en anglais. En français, ça se traduit par "Système de Gestion de Contenu" ou "SGC" en abrégé. Bon, l'expression française n'est pas très usitée mais elle vous donne à voir de quoi il s'agit. Sans connaissances informatiques, on peut quand même créer un site de vente en ligne. On se focalise sur l'écriture des textes et le choix des photographies, le CMS fournit une solution clée en main pour que la boutique soit rapidement accessible sur la toile. Bon, ça bien sûr, c'est la théorie. Dans la pratique, comme toujours, c'est pas la même chanson... Alors naturellement, les premiers produits que j'ai ajouté dans ma vitrine virtuelle concernaient le yoga : tapis en liège, tapis design, tapis pas chers, tapis antidérapant, briques de yoga, cercles de yoga. J'ai rajouté ensuite au grès de mes pérégrinations sur les catalogues de mes fournisseurs, d'abord, des accessoires zens, puis je me suis enfiévré et virent les bijoux arborant l'arbre de vie, ceux glorifiant la fleur de vie. Puis il y eu les bagues avec des ailes d'ange. De fil en aiguille, j'ajoutais des bijoux et des vêtements reprenant l'iconographie des runes. Puis ce fut le tour des symboles vikings, des chapelets malas des moines tibétains. Et les bouddhas, en fontaines pour l'intérieur, pour l'extérieur... Puis le ying yang et que sais-je encore, tout ce qui me passait par la tête. Je sélectionnais des produits qui me plaisaient, mais visiblement ils n'avaient pas l'heur de séduire beaucoup de monde. J'étais au désespoir. A la recherche d'un "produit gagnant" comme on dit. Mais un produit qui me semble intéressant, je voulais pas non plus fourguer de la camelote. Là encore je me heurtais de face au mur de la réalité. Ce que j'aimais n'était pas forcément au goût des autres. Mais Pierre me fit justement remarquer : peut-être, ne te trouvent-ils tout simplement pas, les clients qui pourraient être intéressé par tes objets spirituels. Regardes-tu les statistiques? Le nombre de visite, combien de temps les internautes restent sur ta boutique? Y-a-t-il des paniers abandonnés? Tu pourrais relancer ceux qui se sont arrêté juste avant le moment crucial du paiement! Bon sang de bois, comme dirait le capitaine haddock, il fallait encore que j'apprenne 3 tonnes de choses! En plus j'avais mes maisons, mes appartements, mes terrains, mes garages à vendre... L'administratif d'INSPIR aussi qui laissait à désirer (Je remettais toujours tout au lendemain, mon inconscient refusant d'accepter que je ne maitrisais pas encore toutes les ficelles de la comptabilité. Il y a avait les Assemblées Générales, l'URSSAF, les feuilles de paye... et tout un tas d'autres formalité auxquelles on ne pense pas quand on crée une société. Enfin auxquelles moi je n'avais pas pensé en tout cas. Je ne m'étais pas suffisamment préparée. Alors oui, il fallait apprendre, apprendre, toujours apprendre. Et tout un tas de choses qui n'avaient rien à voir avec le yoga. Il fallait que je me recentre. Mais mon mental se jouait de moi en trouvant de bonne raison pour continuer dans la mauvaise voix. Et bien, très bien : tu dois apprendre, c'est parfait puisque tu veux devenir professeur, tu te mets dans la position de tes futurs stagiaires, de tes élèves... Et si tu acquiers de nouvelles nouvelles connaissances dans de vastes domaines, tu vas finir par avoir des compétences transdisciplinaires. Peut-être découvriras-tu le secret du parfait pédagogue. Foutaise que tout cela, il faut se concentrer sur 1 chose et s'y consacrer pleinement. Sinon c'est ce qu'on appelle le syndrome de l'objet brillant : on ne finit jamais rien, car à mi-chemin, on bifurque vers un autre objectif. Accro à l'adrénaline de l'idée nouvelle, cette excitation addictive qui fait jusqu'à oublier la mort. Ceci n'est que divertissement pour fuir l'angoisse. C'est la peur d'échouer qui se cache dans cet habitude délétère, nuisible et pernicieuse. Mais bon je n'avais aucun recul. Je pensais qu'en me mettant un max de pression, je donnerai le meilleur de moi-même. Quelle illusion. J'enchaînais échec sur échec et mon moral cotoyait les grands fonds marins. Un requin risquait bien de pointer son aileron pour venir me dévorer sans que je ne puisse fuir ou me défendre. J'étais dans une nasse. Ô secours, ô secours. J'avais désespérément besoin d'aide. Aux moments critiques, aux pics de stress, je faisais en plein après midi, le soir ou carrément la nuit ma routine de yoga matinale. ma routine de yoga tout cours, elle n'était plus exclusivement matinale. Ca me calmait un peu mais ça ne suffisait pas. Je prolongeais par la méditation. Je visualisais mon corps en train d'être peint par un pinceau. une couleur protectrice m'entourait, je me réfugiais dans cette maison idéale que j'avais imaginé, qui me procurait un havre de paix, elle était un mix de toutes les maisons que j'avais habité, le meilleur de chacune venait s'y assembler avec le meilleur des autres. Bien sûr, j'avais des lueurs de lucidité : professeur de yoga, professeur de yoga, cela doit être ton seul et unique objectif. Ne te laisse pas détourner par le chant des sirênes. Mais je n'avais pas la force de me ligoter moi-même au mât de mon navire. Et je ne voulais pas non plus mettre dans mes oreilles des boules de cire... Mon inconscient savait si prendre pour me manipuler, cette sirène perfide qui vivait en mon sein!

Exercices sur les émotions

Alors je me trompais et inconsciente, je persévérais. Comme une mouche qui se cogne et se recogne inlassablement sur la même vitre. Pourtant la fenêtre de l'autre côté est ouverte, bien ouverte. Un cas désespéré, vraiment! Je me tapais la tête contre un mur de polystyrène. Et mes blessures produites par la dureté du béton armé. Cherchez l'erreur? Mon polystyrène avait la densité moléculaire du titane. Ce vulgaire morceau de plastique bandait ses muscles comme un Monsieur Univers. Un névrotique Arnold Schwarzenegger... Alors je me mis à prier et mon Dieu n'était pas anthropomorphique, il s'appelait Yoga... Je l'implorais : Yoga, ô mon Yoga, Yoga vénéré, Yoga salvateur, Yoga tout puissant, Yoga protecteur, Yoga lumière de ma vie, viens moi en aide. Mais le yoga, ça n'a rien de magique, vous croyez quoi, qu'il va résoudre tous vos problème en un claquement de doigt? Non, ça ne fonctionne pas comme ça. Le chemin est long et la route sinueuse. Mais l'invoquer constituait le premier pas. Et un pas après l'autre, c'est comme cela qu'on pélerine. En direction de Jerusalem ou de Saint Jacques de Compostelle, pas après pas, pas d'un bond de géant, non, pas après pas. Donc je m'entêtais. Mieux vaut cela que ne rien faire.

La dure école de la vie

Pour ce qui est du site, je m'inscrivais encore à une formation en ligne. Mais la patience et moi ça ne faisait pas qu'un. Dès que je choppais une idée lumineuse et inspirante, j'essayais de l'appliquer dans l'instant au lieu de tout écouter bien sagement pour avoir une vue d'ensemble, établir une stratégie cohérente, choisir les batailles que je pouvais gagner, refuser le combat quand il est perdu d'avance pour se préparer, s'entrainer, se faire la main sur des embuscades, et attaquer plein pot lorsqu'on est prêt. J'aurais du lire l'Art de la Guerre. L'issue d'une bataille est déjà écrite au moment même où elle s'engage. Tout est dans la préparation. Vous savez le bucheron qui a 4 heures pour couper un arbre gigantesque et bien si c'est un bon bucheron, il passe parait-il 3 heures un quart à aiguiser sa scie... Le "un quart" est important, je ne sais pas pourquoi, mais il est primordiale, j'en suis sure et certaine et convaincue. Une petite dose d'humour est toujours la bienvenue qu'elle soit absurde ou qu'elle ne le soit pas, je vous parlerai bientôt du yoga du rire. Il est jouissif de faire coïncider deux de ses passions. On ressent alors le temps s'élargir, devenir plus dense. Pas loin de l'"éternel retour" de ce bon vieux Friedrich Wilhelm Nietzsche, lui qui proclamait en fanfaronnant que l'on est ce que l'on mange, ce qui est vrai. Mais pourquoi diable mangeait-il des saucisses au petit déjeuner quand l'air est frais?

La concentration et le Yoga

Bon je cite Nietzsche, mais mon site niet, ça voulait pas rouler. Donc nouveau plan : le référencement. J'aurai pu opter pour la pub, ça aurait été surement plus facile. Mais bon, lubie : je me prend d'un intérêt soudain pour le SEO comme on dit en anglais : Search Engine Optimisation. Mais aujourd'hui je réalise une chose comme on découvre un pot au rose : rien n'arrive vraiment par hasard dans la vie. Je sais je suis pas le premier à dire cette ineptie qui n'en est pas une. Non, c'est une vérité. C'est aussi un poncif, une lapalissade. Enfin pas pour tout le monde mais passons. Il y a certaines vérité qui sont simple, elles n'emballent pas mais elles sont vraies. Bon dans le cas en présence, je m'explique sur la pertinence de la maxime. Comme part hasard, à un moment donné je m'intéresse au référencement. C'est une période ou je m'éparpille. Mais le référencement, c'est quoi concrètement : on se donne un mot clé, il s'agit d'une expression pas toujours un seul mot. Un mot clé, c'est quoi? C'est une requête fréquente de la part des internautes. Alors on écrit, on en tartine des pages mais on ne se disperse pas. On cible ce sujet précis et on en dévie pas. On essaye bien sûr de pondre un texte intéressant, c'est le copywriting, j'en ai déjà parlé. Donc on ne fait pas du bourrage de mots clés parce que cela ne fonctionne plus. Ca, c'était avant, aux premières année de Google, quand le moteur de recherche était bébé. Maintenant il sait repérer à vue d'œil les tricheurs. Mais bon on fait quand même ce fichu empilement de mots clés. De façon plus subtile, s'entend. Alors on se documente sur le sujet en question. Il faut être exhaustif car on est en concurrence avec un million d'autres copywritters. Donc il faut maîtriser le sujet sur le bout des ongles, de A à Z, être le meilleur expert de la Terre, il faut écrire un article de blog, une fiche produit, une description de collection en faisant le tour complet de la question. Rester focus, pas de disgression. L'objectif c'est d'apparaître en numéro un sur la SERP (résultat de recherche), nouméro ouno, c'est tout ou rien, donc il faut y aller au turbin. A la limite deuxième ou bien troisième pour grapiller les miettes. En plus les publicités, les annonces payantes, elles coiffent les résultats "naturels". Tout en haut de la page, elle chapotent toute la suite. Vous savez ce qu'on dit, si vous voulez caché quelque chose que jamais personne ne la voit, mettez la sur la deuxième page de google, personne jamais n'y va à part quelques vicieux, adeptes du scrolling ou bien cherchant une improbable perle rare.

Concentré de yoga

Donc je le dis et le redis : le référencement, c'est la concentration, voilà de quoi il est le nom! Le hors sujet, c'est la sortie de route. Voix de garages dans les affres du classement. Pas même dans les 100 premiers. Plus loin, plus loin, peut-être même jamais. Même pas indexé, rien, que dalle. Aux abonnés absents, aux oubliettes. Donc voila pourquoi je dis que cette attirance irrésistible pour le référencement n'arrivait pas chez moi comme un cheveu sur la soupe. Non, non, non : le Destin me faisait un signe du doigt m'indiquant d'approcher d'un certain côté. Mais quand le sage montre la lune du doigt, l'imbécile fixe éternellement le doigt. Et j'étais cette imbécile : un arbre me cachait la forêt. Un seul arbre. Quel gâchis! On ne voit que ce que l'on veut, ce qui confirme nos idées reçues. C'est un biais psychologique, le niais de confirmation. C'est comme ça qu'on dit, et c'est comme ça que cela est. Ah la Vie avec ses satanés paradoxes. Illusions, voiles à lever. Voile d'Isis, vous comprenez? Une chose en passant : une mise en abîme, encore. La concentration elle est au centre d'une pratique spirituelle ancestrale. Vous devinez laquelle? Et oui mais c'est bien sur inspecteur Clouzel : le Yoga, l'oriental et éternel yoga, ce yoga que je poursuivais mais n'attrapais jamais, toujours il se faufilait entre mes doigts. Ah Kairos, divinité grecque de l'instant à saisir, l'attraper sur le champs par les cheveux quand il surgit. Etre prêt, rapide et vif. Sinon, l'occasion passe et ne revient jamais. Comme disait l'autre "Moi dans ma vie, je n'ai jamais eu de chance". A quoi le sage à qui il parlait lui répond ironiquement : "Heureusement, cette chance, qu'en auriez-vous fait???"

Le bout du tunnel?

Alors j'ai travaillé et retravaillé sur ma boutique en ligne, je passais du coq à l'âne sans arrêt. Dès que je me décourageais : allez virage à 180° : création d'une nouvelle collection, rien à voir avec la précédente. Tout ça voué à l'échec. Nouvelle technique, nouvelle méthode, on essaye, ça marche pas, on abandonne. On s'engage dans des chemins tortueux, maillage interne, cocons sémantiques, ces techniques ne sont pourtant que des cerises sur le gâteau. Des peaufinements à la toute fin. J'étais peut-être à la recherche de la solution magique, l'idée géniale que personne n'a eu. Quelle naïveté moi, la novice. Il n'y a que le travail intensif sur un domaine précis qui paie. Aujourd'hui, je suis catégorique sur le sujet. Alors ce projet de vente en ligne, la vente dans la boutique en vraie, le café, les cours, rien n'avançait vraiment. Un peu quand même mais lentement, très lentement. On a quand même réussi au bout d'un an à conclure notre premier mois. rentable. Mais à quel prix!

A quoi bon mon diplome reconnu par l'état?

J'étais épuisée, plus d'énergie plus rien. J'avais beau me dire et me répéter, mantra, mantra, mantra : regardes tout ce que tu as accompli. Tu as ton diplome de professeur de yoga, oui tu l'as, ça a été dur, mais tu as fini par l'obtenir. Des heures de sommeil en moins, certes, mais tu l'as ton accréditation, tu l'as dans tes mains. Sois fière de toi, bon sang de bois de santal. Ton site, il commence à apparaître en haut des liste. Tu as tes premières commande, ce matin un tapis en liège floqué d'une fleur de lotus. Tes cours, ils commence à avoir du succès, le yoga du rire, le yoga des yeux, le yoga nu, toutes les places sont prises, le bouche à oreille a fonctionné. Bon tes flyers, ça a mis du temps mais vois les appels qu'on reçoit, ils sont de plus en plus nombreux, non? Allez tiens bon, quand on veut, on peut! Alors après ces séance d'auto-conditionnement, le mental reprenait un peu d'allant. Mais le corps ne répondait plus. Encéphalogramme plat. Au flipper c'est le tilt, trop bougé la machine, elle se rechigne. Plus un bruit, plus rien, même l'électricité a pris la poudre d'escampette. GAME OVER : dépression nerveuse, dépression sévère. Repos, médicaments, rien y fait. On double les doses. Toute la pharmacopée y passe : anti-dépresseurs, somnifères, lithium. Des médicament contre la dépendance. Oui je vous en ai pas parlé encore, j'avais sombré dans l'alcool. Cercle vicieux, l'impasse, impression d'être passée à côté de ma vie, envie de suicide. Là : STOP! Il faut faire quelque chose, sortir de l'impasse...

Recalée 

Médecin traitant, psychologue, psychiatre : même verdict, catégorique : direction la clinique de santé mentale, doux euphémisme, j'atterris chez les fous. Je me mets au vert, je fais un break, je me coupe du monde réel. Il faut que je retrouve goût à la vie. Même me laver est difficile. Le psychiatre passe en vitesse tous les matins, quoi lui dire? Avez-vous bien dormi? Non! Avez-vous moins d'angoisse? Non! Est-ce que ça va mieux? Non! Vous voulez plus de cachets? Oui! Que ça fasse les couleurs de l'arc en ciel quand je les prends dans la main. Ah, ah, c'est bien vous avez gardé votre humour. Non sans blague? Bon à demain alors. Ah c'est déjà fini, on va pas faire une psychothérapie? Non, vous êtes pas en état, vous êtes dépressive, vous avez le regard fixe, vous avez du mal à trouver vos mots, vous parlez lentement, dans le parc, vous ne parlez à personne. Et alors comment je m'en sors de cette dépression si on fait pas de psychothérapie? Avec les cachets. Les cachets ça fait dormir. Mais qu'est-ce qu'on fait après? On attend, vous avez besoin de repos. Il faut 3 semaines avant d'observer les effets des cachets. Super merci, vous c'est les cachets, les cachets, les cachets. Bienvenue en Enfer. On croit avoir touché le fond, mais le fond a un autre fond, et c'est sans fin jusqu'à l'infini, le néant infini. 2 mois passent. A quoi sert cette clinique si ce n'est l'arrêt de l'alcool, le sevrage la diète? A rien, définitivement à rien. Il faut que je réagisse. Dehors ce qui m'attend n'est pas gai. L'entreprise est en faillite. On a dissout la société, Pierre s'est occupé des formalités. Je sors enfin de cette prison hospitalière. Un taxi vient me cherché. J'ai intimé à Pierre de ne jamais venir me voir dans cet endroit sordide. Il a obtempéré, on se parlait au téléphone. Le VSL me dépose au pied de notre immeuble. Je prends mes valises, mon paquetage. J'ouvre la porte du bâtiment, monte les marches péniblement. je sonne. Pierre m'ouvre. Enfin.

Renaissance yogique

Je retrouve peu à peu goût à la vie. Chaque jour de petits objectifs atteignables et dont la réalisation ne dépend que de moi. J'ai laissé tombé la psychothérapie, c'est la PNL qui gagne mes faveurs. Brique après brique, je me reconstruis. Moins de soucis par la force des choses. La société s'est envolée, évanouie. Du mal à me faire à l'idée. Du mal à faire le deuil de ce projet. Je ressasse mes erreurs, je culpabilise. Peu à peu je comprends mes erreurs, me promets de ne plus les refaire. Je réussi à ne plus être dans le jugement. Avec moi-même, avec les autres. Parfois un accès de douleur, angoisse aigu, stress sournois. Pas le droit à la bouteille. Manque de tempérance, je commence à me connaitre sans faux semblants, sans me mentir. Accepter mes défauts. M'y résoudre. Ou pas. Les combattre. Jour après jour. Cette fois, le temps jouera pour moi. Et puis peu à peu, je me remets au yoga. Mais ce n'est plus le même yoga. J'ai fini par lâcher-prise. J'entre dans le temple du Yoga, du vrai Yoga. Il me faut mieux le comprendre, l'approfondir autant que mes capacités me le permette. Il siège maintenant au centre exact de ma vie dans une posture simple et sereine. Tout les évènements de ma vie gravitent autour de lui, ils y trouvent un sens, ils viennent y former un harmonieux système solaire. Le Yoga est ce soleil. Il brille de mille feux. Mes fondations sont désormais faites de béton, les anciennes en carton ont pourri. L'énergie du Chi en moi se réactive, plus puissante que jamais. Peut-être que ce qui m'est arrivé n'est qu'une taille, comme on taille un laurier et qu'il finit plus fort par repousser plus haut. Peut-être. Peu importe, il faut accepter la vie. Je reprends le site de vente. La seule chose que je peut sauver dans l'état de santé qui est le mien. Je reprends mon blog, cette fois ci différemment. Je parle de moi, sans détour, en vérité. Tout simplement aussi. Ca me permets de faire le point de là ou j'en suis. Un rendez-vous avec moi-même. Dans ma tête, il n'est plus question de vendre. Pas pour le moment, on verra après. C'est du storytelling. J'essaye d'être honnête et sincère. Interessante aussi pour les autres. Sortir de mon égoisme. Construire un pont entre moi et les autres. Accueillir le monde. Se satisfaire de choses simples. Ces petites choses minuscules et merveilleuses que l'on voit chaque matin en ouvrant sa fenêtre. La vie dans sa complexe simplicité.

Se perfectionner dans la pratique et la pédagogie du yoga

Un jour se lève sur l'impression d'exister sans exister. Une vie d'une calme intensité. Pleine de promesses simples. Je reprends mon bâton de pèlerin. Se débarasser de mes vieilles peaux, définitivement muer. Etre en perpétuel changement pour rester la même. Etre en évolution perpétuelle. C'est décidé, je serai à nouveau prof de yoga. Prof de yoga à part entière. Prof de yoga mais rien que ça. Je ne veux plus être dans l'immobilier, je ne suis pas un requin, ça se saurait. Je ne veux plus être une femme d'affaire, mes épaules ne sont pas assez larges , je les ai mesurées. Le site en ligne, ça je continue mais avec légèreté, pas pour l'argent en tout cas. Si les ventes décollent et que l'argent rentre, tant mieux. S'il ne vient pas, tant pis. Finalement j'ai besoin de peu pour vivre. Et Pierre m'aidera le temps qu'il faudra. Il me l'a promis et je le crois. M'a-t-il déjà laissée tomber? Jamais. Jamais il ne le fera. Donc paisible et rassurée, je m'inscris à une formation pour me parfaire au métier de professeur de yoga, ma seule et unique vocation. Ce n'est pas n'importe quelle formation. Elle a lieu en Inde, pays immense. J'ai besoin de cette immensité. Au sud de l'Asie... L'Inde et ses paysages variés. Là où me ressourcer. Les Pics de l'Himalaya me laisse rêveuse. Déjà en songe, je vogue le long des cotes de l'Océan Indien. Ah l'Inde, le Fort rouge, la mosquée Jama Masjid, Delhi, le taj mahal, les eaux du Ganges, ces mots forment une douce mélodie à mes oreilles toutes ébahies. Je prends l'avion dans mes rêves puis un jour à Orly. On atterrit, puis de la capitale du pays, en bus jusqu'à Rishikesh... Rishikesh, capitale du yoga. C'est là qu'aura lieu mon stage, 500 heures avec les meilleurs des Yogis. Les vrais yogis. Nous sommes là où le yoga fut créé. Nous sommes à où jamais il ne s'éteindra. Yoga, Himalaya de sagesse, je pars à ton ascension. Là bas j'ai peaufiné mon art. Hatha yoga, Kundalini yoga, Yoga nidra, Green yoga, Ashtanga yoga, Yoga dynamique, Yoga du son, Yoga de l'énergie, yoga iyengar, Yoga sutra, Karma-yoga, Om yoga, j'ai suivi tous les cours assidument, je pratiquais seule tous les soirs tous les exercices appris dans la journée jusqu'à les réaliser de façon vraiment parfaite même si on y arrive jamais vraiment. Et puis un cours spécial bien sûr : comment transmettre le yoga. Alors certes, on apprenait celà aussi en observant nos formateurs, mais certaines choses nous échappais. Et bien ces choses, c'est dans ce cours que nous les rattrapions, quelqu'un devait les énoncer, les préciser, les expliciter. Sinon disait notre maître yogi, vous pourriez aussi bien les découvrir de vous même. Il vous suffit de vivre des siècles, si vous savez comment faire, vous aurez votre dispense. Ecrite par ma main. Il parlait le sanskrit, je le comprenais, je l'avait vite eu appris. Cette langue depuis le temps avait pénétré l'esprit de l'air qu'on y respirait. Je me ressourçais. J'étais vivante, complètement et pleinement vivante. Ma créativité et ma concentration gravissaient des sommets de l'Himalaya, la main dans la main, se soutenant l'une l'autre, se complétant. Je voyais la nature réaliser des postures. Oui les montagnes durant une minute cosmique, une ère géologique pratiquait un enchaînement yogique. Nous ce que nous voyions était le temps de pose et de respiration avant qu'elles ne reparte vers une autre position. Minéral vivant. Végétal également. Je liais facilement des connaissances. Avec les autres stagiaires venant des quatre coins du globe : London, Paris, New York... Des indiens aussi parmis les élèves. Moitié, moitié, je dirais. Et puis il y avait les habitants de Rishikesh. S'ils ne pratiquaient pas tous le yoga, ils en avaient la philosophie qui coulait dans leurs veines, qui guidait leurs pas, leurs faits et leur gestes. Pas tous bien sûr, il y a avaient des sacripants comme partout ailleurs du reste. Mais rien de bien méchant. L'ambiance était bon enfant. Pourtant la vie était dure, la pauvreté. Mais ils étaient riches d'autre chose. Quelque chose que l'on ne peut imprimer sur un billet, quelque chose d'impalpable, de léger. Je devins végétarienne puis végétalienne, les vaches étaient sacrées. Cette nourriture convenait à ma physiologie même si je voulais à terme ne plus manger que du cru, des fruits, des légumes. Non je garderai mon régime alimentaire indien. Peut-être entrecoupé de périodes de jeune. Avec le soutien de la méditation, j'y parviendrai j'en étais sûre. Cela réparerait mon corps de ses anciens abus. Cela le régénèrerait, une désintox de première. Une cure. 

La vie reprend son cours

La formation dura 4 mois, une semaine et deux jours. A son issue, je sentis que j'étais vraiment devenue la professeur de yoga que je voulais être. Une vraie prof de yoga, j'en étais sûre, quand je marchais, quand je parlais, quand je pensais, j'agissais à 100% comme une enseignante de yoga. Oui, j'ai eu un diplome comme on le reçoit en Occident dans les pays soi disant civilisés. Mais il n'était pas reconnu par l'état, là bas. Ce n'était qu'un bout de papier. Pour moi, il était tout et il était rien. Je flottais dans les airs. Oui, au terme de la formation, j'avais été admise. Comme les autres, à vrai dire. Tous les autres. Enfin pas vraiment ceux qui étaient venus en touriste, une lubie de riche, avaient abandonné assez rapidement. Les autres, nous autres, on aurait laissé tombé cette formation pour rien au monde. plutôt crever. Notre motivation était viscérale, sans plaisanter. Ca nous monopolisait les trippes et l'âme. Alors quand c'était dur, qu'on était sur le point de lâcher, on serrait les dents, on s'entraidait. On était un peu comme des militaires sauf que notre armée était tout sauf belliqueuse, c'était la plus pacifique des armées. Pourquoi la plus? La seule! Quelle merveilleuse école de yoga, l'émotion m'envahit rien que d'y penser. On travaillait tous les jours de la semaine, y compris samedis et dimanches. Il n'y a pas de messe la bas. Pas de shabbat, non plus. Tous les jours s'étaient les même routines qui s'enchaînaient. Mais on ne se baigne jamais dans le même fleuve et les routines, pour pareilles qu'elles soient, n'étaient jamais vraiment les mêmes. Nous ressentions les choses toujours plus fort, découvrions toujours un nouveau détail. Et tous ces détail avaient leur importance. Un point d'anatomie. Une nouvelle façon de respirer. Pourquoi pas? Tout était possible. L'univers était infini. Il était en expansion. L'Univers, notre univers, l'univers des univers. Ad vitam eternam. Je reprenais l'avion le cœur léger. L'avion me remercia de lui soulager sa peine. Je parlais aux objets maintenant. Peut-être devrais-je acheter une cape et une combinaison moulante. Un uniforme de super héroine. A mais non, c'est vrai, j'avais déjà mon legging et ma brassière de yoga. J'étais parée. Direction : Paris. Première méditation en haute altitude. Expérience concluante. L'avion atterrit, India Airlines vous remercie. Retour à Orly. L'aéroport est ravi de me retrouver en meilleure forme que je n'étais parti. Il a bonne mémoire décidément cet éléphant de béton aux trompes d'asphalte... Je récupère mes bagages sur le tapis roulant. Je songe un instant aux poids psychologiques dont, là bas je me suis délestée. J'embrasse Annie, mon ami de yoga, celle qui était toujours à mes côté là bas (au pays du yoga). Nous avons voyagé ensemble, médité à l'unisson, parlé aussi et ri. Nous nous séparons, nous avons nos numéros, on se tient au courant comment ça se passe quand on débute les cours, ok, ok. A bientôt. J'avance dans le labyrinthe d'un pas assuré. Le labyrinthe de l'aéroport, le labyrinthe de la vie. J'arrive à la sortie. pierre est là, fidèle au rendez-vous. Mais il a triste mine. Quelque chose ne va pas. Il essaye de le cacher. Mais maiontenant je sais voir ces choses là. Nous nous embrassons. Il commence par prendre de mes nouvelles, comment va ma professeure chérie?, comment le voyage s'est-il passé?. Pas trop éprouvant?. Je lui réponds : "Que se passe-t-il Pierre, je sens que quelque chose ne va pas". Il tombe en larme dans mes bras. Il y a une mauvaise nouvelle. Une terrible nouvelle.

Tressaillements, frémissements : nous voilà au seuil de la prochaine étape de nos vies. L'instinct. Trouver la force. Etre à la hauteur. Je caresse des yeux Paul. Le réconforter. Qu'a-t-il donc pu se passer pendant mon absence, qu'il m'ai tu, qu'il m'ai caché pour me préserver. Non, me dit-il. C'est aujourd'hui, ce matin : un coup de fil. C'est ma sœur, Valérie. Pierre et Valérie depuis le jour de leur naissance sont liés encore plus que par le sang. Ils ne sont pas jumeaux mais ils le sont quand même. Lorsque l'un ressent quelque chose, l'autre le ressent aussi. Au même instant. C'est inexplicable. C'est comme ça. Ils sont liés éternellement, à jamais. Enfin ils l'étaient. Ce m'atteint, Pierre s'est réveillé en sursaut avec une douleur insupportable à la poitrine. Une barre de fer qui le transperce de part en part. Il ne peut plus respirer. Plus respirer du tout. Là le téléphone sonne. C'est Stéphane, son beau frère. Il a la voix qui tremble. Il bégaye puis il pleure. Pierre ne comprend rien de ce qu'il dit. C'est la panique. Les secondes durent des heures. Pierre s'attend au pire, la douleur qu'il a ressenti, ce n'était pas la sienne. Stéphane se reprend et arrive à articuler deux ou trois mots : "Valérie. Valérie. Valérie vient de mourir. A l'instant. Un infarctus foudroyant.". Valérie avait 45 ans. Elle et Stéphane ont eu 3 enfants : Paul, Emilie et Marion. Les voilà orpheline de leur mère toutes jeunes qu'elles sont. Et Stéphane, veuf, lui qui l'aimait tant. Eux qui s'aimaient tant. La vie est injuste. Et Pierre, Pierre, c'est une partie de lui même qu'il vient de perdre. Jamais il n'avait penser que pareille chose survienne. Comment va-t-il faire? Le ciel se déchire devant ses yeux. la terre s'entrouvre sous ses pieds. Je lui pose la main sur la nuque. Le prends dans mes bras. Le console comme je peux. Avec des gestes, seulement des gestes. Que dire en ce cas là? 

Rééduquée par le yoga

Cette fois c'est à moi d'être là pour Pierre. Comme il l'a été pour moi. Mais je suis prête. Déterminée. Moi aussi j'étais très attachée à Valérie. Forcément on se voyait souvent. Elle ressemblait tellement à Pierre. Même caractère, même bonté. Comment aimer l'un sans aimer l'autre? Je puise tout au fond de moi même la force de surmonter le choc. Au fond de moi, il y a désormais la puissance du yoga, de sa philosophie, sa quintessence. Je prends les choses en main. Pierre me voyant forte, se ressaisit. Nous rentrons à l'appart, faisons nos valises et prenons la direction de Lyon. Pas de train qui ne parte assez vite. Nous prenons la voiture. Je conduis. Pierre dort, se réveille en sursaut, se rendors. Sans le moindre arrêt, je tiens bon, nous arrivons à Lyon. Comme par hasard une circulation pas possible. Des embouteillages. De toute façon, pas pire qu'à Paris... Nous arrivons enfin dans la rue, devant la porte de l'immeuble. Une place, miracle, je me gare. Nous sortons tous les deux, sonnons, la porte s'ouvre, nous pénétrons en hate dans le hall, appelons l'ascenseur, il ne vient pas, Nous prenons l'escaliers, marches trois à trois. Le palier. 3 coup sur la porte. Stéphane en larmes nous ouvre la porte. Nous entrons. Nous nous prenons dans les bras. Les enfants nous rejoigne. Les jours suivant, j'azide Stéphane dans les démarches. Il faut organiser les obsèques. Je supervise chaque détail. A midi, le soir, je cuisine, je fais le ménage. Pierre me remercie. Stéphane me remercie. Pas de quoi. C'est normal. Une famille unie. Le soir, je m'occupe des filles, leur raconte des histoires. Réponds à leurs question. La mort. La terrifiante mort. Et l'absence. Comment faire le deuil. J'ai assuré autant que c'était possible. J'étais contente d'être présente pour eux. Ca m'a fait du bien de les décharger de toutes les tracasseries du quotidien. Le temps qu'ils reprenne pied les uns et les autres. Nous sommes resté 2 semaines. les obsèques se sont bien passées. Une belle cérémonie. Un bel hommage. J'ai lu le texte que Pierre avait écrit.

La voix du Yoga

Il nous faut repartir. Pierre a des obligations professionnelles auxquelles il ne peux plus se soustraire. Il a pu jongler un peu pour rester auprès des sien quinze jours. mais maintenant, il faut rentrer reprendre le cours de nos vie, chacun. La mort est un sujet que l'on préfère ignorer. Dur de l'affronter en face. Perdre un proche comme ça, tout d'un coup, c'est terrible. Je n'aurais pas pu affronter une telle situation dignement avant. Je me serais effondrée. Mais depuis ma formation de yoga, j'ai changé. Force est pour moi de le constater. Je suis plus forte. Une épaule sur laquelle se poser. Il faut que je reste dans ses disposition. Il faut que je suive la voix du Yoga. C'est une bonne voix. Pour moi en tout cas. Pour tous, peut-être. Je ne sais pas. Je n'ai pas l'intention d'imposer mes choix aux autres. Vivre en harmonie. Aider ceux que l'on aime. En même temps était-ce vraiment moi qui ai fait ce que j'ai fait ces deux dernières semaines. C'est étrange. C'est comme si je m'étais mise en mode automatique. Faisant taire de toute force la peine, la peur qui montaient en moi. Pour faire ce qu'il y avait à faire, bien concentrée sans jamais faillir. Bon on analysera tout ça après. La méditation m'aidera à digérer cette épreuve. Nous reprenons la route et revenons à Paris. Pierre n'arrête pas de me remercier sur le trajet. Je suis gênée. Après tout ce qu'il a fait pour moi. Non seulement ces derniers temps mais depuis toujours en fait. Chacun a réussi à faire son deuil. Autant qu'il est possible de le faire. Il faut bien que la vie reprenne ses droits.

Lady Yoga

Dans la vie, chaque coup engage la partie. C'est comme aux échecs. Je le sais maintenant. Alors conscient de cela Pierre et moi. De la préciosité du temps qui passe, de l'importance de vivre pleinement le moment présent. Nous avons tous deux et ensemble repris notre chemin. L'amour entre nous était devenu plus intense. Les attentions se multipliaient sans discontinuer. Nous sommes revenus à la vie plus fort que jamais. J'ai ouvert mon deuxième studio de yoga. Le Luciole Yoga, sympa comme nom vous ne trouvez pas. Ce second projet était plus ambitieux que le premier. Une petite salle. Modeste mais accueillante. Ca m'allait très bien. Aux élèves aussi. Une seule prof : moi. Structure légère. Viable dès le début. Etude de marché dans les règles de l'art. Flyers et publicités efficaces. Les stagiaires étaient au rendez vous. Je proposais le Yoga classique. Du Yoga pour les débutants. Du yoga pour les enfants. Le yoga du rire aussi, il me tenait à cœur celui là. J'ai repris le site en ligne aussi. 

Conclusion

Aujourd'hui Je fais ce que j'aime le plus, être professeur de yoga. Et je forme d'autres professeurs Vous êtes là pour ça, non? Je me sens bénie du ciel. Je suis pleine de gratitude pour la Vie, l'Univers et tous ceux qui m'entourent. Voilà, c'était mon histoire de yoga, je me suis un peu étendue. Le cours est déjà fini. Vous n'aurez pas le temps de raconter la votre et vous ne le ferez pas. Pas ici en tout cas. mais je voulais que vous y réfléchissiez. Ca va faire son chemin en vous. Cela vous aidera à progresser sur la voix ardue du yoga. Ce cours a été un peu original, vous ne vous attendiez pas à ça! Mais c'était important pour moi de commencer ainsi. Jeudi prochain on blablatera moins et on transpirera plus. Alors à jeudi et entretemps racontez vous votre propre histoire de yoga, écrivez la. Sur le papier et à l'encre de la vie aussi. Namasté

 


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